Textes violents

Le clip vidéo montre un conflit entre deux élèves : Levi et Lindsay. Levi est un garçon juif qui a récemment déménagé dans une nouvelle ville avec sa famille. Il va dans une nouvelle école, mais sent que les autres enfants le regardent différemment et ne fréquente donc les autres enfants juifs. Lindsay, une camarade de classe de Levi, le voit à l’arrêt de bus et lui parle.

Ils ont une discussion. Dans un moment de colère, Levi appelle Lindsay « Amalec ». Pour se défendre, il se réfère à un passage du Tanakh. Soudain, un vieux rabbin, nommé Ezra, apparaît. Avec le bus magique Bunim, il emmène les enfants en voyage dans l’ancien Israël, à la recherche de la signification possible de cette histoire d’Amalec.

2.2 Partie lecture : Introduction

EXERCICE. Lis les deux passages suivants. Réponds ensuite aux questions de la page suivante.

2.2.1 Exode 17:8-16

[8] Amalec survint et attaqua Israël à Refidim. [9] Moïse dit à Josué: “Choisis des hommes et va livrer bataille à Amalec; demain, je me tiendrai au sommet de cette colline, la verge divine à la main.”
[10] Josué exécuta ce que lui avait dit Moïse, en livrant bataille à Amalec, tandis que Moïse, Aaron et Hour montèrent au haut de la colline.
[11] Or, tant que Moïse tenait son bras levé, Israël avait le dessus ; lorsqu’il le laissait fléchir, c’est Amalec qui l’emportait.
[12] Les bras de Moïse s’appesantissant, ils prirent une pierre qu’ils mirent sous lui et il s’assit dessus ; Aaron et Hour soutinrent ses bras, l’un de çà, l’autre de là et ses bras restèrent fermes jusqu’au coucher du soleil. [13] Josué triompha d’Amalec et de son peuple, à la pointe de l’épée.
[14] L’Éternel dit à Moïse: “Consigne ceci, comme souvenir, dans le Livre et inculque-le à Josué : ‘que je veux effacer la trace d’Amalec de dessous les cieux.’ “
[15] Moïse érigea un autel, qu’il nomma: “Dieu est ma bannière.”
[16] Et il dit : “Puisque sa main s’attaque au trône de l’Éternel, guerre à Amalec de par l’Éternel, de siècle en siècle !”

2.2.2 Deutéronome 25:17-19

[17] Souviens-toi de ce que t’a fait Amalec, lors de votre voyage, au sortir de l’Egypte;
[18] comme il t’a surpris chemin faisant, et s’est jeté sur tous tes traînards par derrière. Tu étais alors fatigué, à bout de forces, et lui ne craignait pas Dieu.

De quel événement ces deux passages parlent-ils ?

L’événement est-il raconté de manière identique ou y a-t-il une différence d’information entre les deux versions ?

S’il y a une différence d’information : en quoi le passage de l’Exode diffère-t-il de celui du Deutéronome ?

Quelle est la quintessence de ces passages :

Qui combattra/effacera le souvenir d’Amalec ?

À ton avis, qui ou qu’est-ce qu’Amalec ?

2.3 Interprétation de l’histoire d’Amalec

2.3.1 ex. 17:8-16

Ce passage se trouve au milieu du livre de l’Exode, le deuxième livre de la Torah. Le livre de l’Exode peut être divisé en deux parties : Ex. 1-18 et Ex. 19-40. La première partie raconte le voyage hors d’Égypte. La deuxième partie parle de l’alliance au mont Sinaï. Amalec attaque le peuple d’Israël juste avant qu’il ne conclue l’alliance avec D.ieu au mont Sinaï !

L’histoire de l’exode est bien connue. Le peuple d’Israël est esclave depuis des années de la puissante Égypte, où règne le droit du plus fort. Puis D.ieu vient et aide le peuple juif à s’échapper, entre autres avec les dix fléaux. Cependant, le peuple d’Israël a faim et soif dans le désert, et remet en question la décision de quitter l’Égypte. Il interroge même leur libérateur, D.ieu : « On appela ce lieu Massa et Meriba, à cause de la querelle des enfants d’Israël et parce qu’ils avaient tenté l’Éternel en disant : “Nous verrons si l’Éternel est avec nous ou non!”. (Ex. 17:7) ». Après cette phrase se produit l’attaque d’Amalec.

Le nom de lieu Refidim a une signification unique. « Rafah » signifie « devenir faible ». « Jadim » signifie « mains ». Refidim, par conséquent, indique « l’affaiblissement des mains ». Cela signifie que nous pouvons perdre notre courage ; la force peut se vider de nos mains.

A la fin, D.ieu déclare la guerre à Amalec. Donc D.ieu prend la responsabilité ici ! En outre, il ne s’agit pas d’une bataille unique, elle se déroulera de siècle en siècle.

2.3.2 dt. 25:17-19

Ce passage se trouve au milieu du livre du Deutéronome, le cinquième et dernier livre de la Torah. Le livre du Deutéronome peut être divisé en trois parties : Dt. 1-11, Dt. 12-26, et Dt. 27-34. La première partie est constituée des premières paroles de Moïse à cette nouvelle génération. La deuxième partie consiste en une collection de lois sur la façon de structurer la vie dans la Terre promise. La troisième partie est constituée des dernières paroles de Moïse et de sa mort. Le passage sur Amalec vient donc à la fin de la deuxième partie : les Tables de la Loi !

Le passage du Deutéronome concernant Amalec nous donne de nouvelles informations sur la bataille :
1. Amalec a attaqué alors que le peuple juif était « chemin faisant ». La Torah entend par là le chemin de la libération, qui mène de l’Égypte à la Terre promise. Le peuple d’Israël n’avait pas encore de maison, vivait à une époque incertaine, et était donc très vulnérable et affaibli.
2. Amalec a attaqué « par derrière » : l’arrière du peuple, qui était composé des plus vulnérables et des plus faibles. L’attaque d’Amalec était donc doublement lâche !
3. Il est dit : « et il ne craignait pas Dieu». Les traductions font souvent référence ici à Amalec. La phrase signifie alors : Amalec ne craignait pas D.ieu. Mais ce n’est pas si simple ! Le texte hébreu laisse l’option ouverte qu’Israël ne craignait pas non plus D.ieu. La phrase est quelque peu isolée, et grammaticalement c’est possible.
4. WNous lisons qu’Israël aussi porte une responsabilité. Il s’agit d’un commandement ou d’une mitzvah : une obligation donnée par D.ieu. C’est à Israël d’effacer le souvenir d’Amalec. En même temps, l’acte terrible d’Amalec, l’attaque lâche, ne doit pas non plus être oublié.

Résumé

1. Ex. 17:8-16 nous apprend:
• D.ieu efface la mémoire d’Amalec
• D.ieu a fait la guerre contre Amalec de génération en génération

2. Dt. 25:17-19 nous apprend:
• L’accent est mis sur le fait que le peuple juif était « en route », sur la route de la libération.
• Amalec a attaqué Israël sur son point le plus faible.
• Israël doit effacer le souvenir d’Amalec
• C’est une mitzvah : un commandement

EXERCICE. Sur la base de l’explication donnée ci-dessus, réponds aux questions suivantes.

Où se déroulent les passages dans leur livre?

Qui doit effacer le souvenir d’Amalec ?

Qui n’a pas eu peur de D.ieu ?

Explique avec tes propres mots la signification du nom de lieu Refidim.

Dans le passage du Deutéronome, il est dit : ‘et lui ne craignait pas Dieu’. Grammaticalement, cette phrase peut aussi faire référence à Israël. Pourquoi Israël ne devrait-il pas craindre Dieu ? Qu’est-ce que cela peut signifier ?

L’attaque d’Amalec était un acte de guerre. La mitzvah d’Amalec est-elle une question d’autodéfense ?

Relis cette phrase : ‘Et il dit: “Puisque sa main s’attaque au trône de l’Éternel, guerre à Amalec de par l’Éternel, de siècle en siècle!’ Penses-tu que « de siècle en siècle » signifie que la bataille est éternelle, ou pensestu qu’il s’agit d’un « certain nombre de générations » ?

Penses-tu que le commandement d’effacer le souvenir d’Amalec s’applique encore ?

2.4 Glossaire

Amalec
Le terme « Amalec » en hébreu peut désigner à la fois une personne, Amalec, et un peuple, les Amalécites. Les Amalécites étaient un peuple qui errait dans la région d’Edom, au sud de Juda. Ce module utilise les deux sens.

Génocide
Le terme « génocide » signifie « massacre d’un peuple ». Le génocide est l’extermination délibérée et intentionnelle d’un groupe de population. Le droit international considère cet acte comme un crime.

Canaan
Selon la Torah, Canaan est la terre promise au peuple juif. Cette région se situe entre la mer Méditerranée à l’ouest et le fleuve Jourdain à l’est. Cette zone comprend désormais le Liban, Israël, une partie de la Syrie et la Jordanie.

2.6 Bibliographie

Exégètes juifs classiques
Abarbanel, Rabbin Isaac. Selected Commentaries on the Torah: Shemos (Exodus). Volume 2.
- Translated by Rabbin Rav Israel Lazar. Scotts Valley: CreateSpace Independent Publishing Platform, 2015.
- Selected Commentaries on the Torah: Devarim (Deuteronomy). Volume 5. Translated by Rabbin Rav Israel Lazar. Scotts Valley: CreateSpace Independent Publishing Platform, 2015.
Hirsch, Rabbin Samson Raphael. The Pentateuch translated and explained by Samson Raphael Hirsch. 5 volumes. Translated by Rabbin Isaac Levy. Gateshead: Judaica Press, 1982.
The Schottenstein Edition Sefer HaChinuch / Book of Mitzvos. Volume 10. New Jersey: Artscroll Mesorah Publications, 2016. Gebod 603.

Tradition hassidique
Jastro, Rabbin Marcus. ‘Avodat Yiśraʼel. Charleston: Nabu Press, 2010.
Rabbin Elimelech, of Lyzhensk. Noam Elimelekh. Translated by Tal Moshe Zwecker. Jeruzalem: Targum Press, 2008.
ha-Kohen, Rabbin Zadok, of Lublin. Peri Tzadik. Jerusalem: Machon Misamchei Lev, 1999.

Tradition halakhique
Babad, Rabbin Yosef b. Moshe. Minhat Hinukh. 2. 213.
Danzig, Rabbin Avraham. Hjayei Adam. Hilkhot Megillah. 155a

Le mysticisme juif
Matt, Daniel C., Hecker, Joel, Wolski, Nathan. The Zohar: Pritzker Edition. Stanford: Stanford University Press, 2018.

Littérature secondaire
Brill, Alan. Thinking God: The Mysticism of Rabbin Zadok of Lublin. New York: Ktav Pub & Distributors Inc, 2003.
Ausloos, Hans. Geweld, God, Bijbel. Averbode: Uitgeverij Averbode, 2019.
Cohen, Yitshak. The Unique Judicial Vision of Rabbin Meir Simcha of Dvinsk: Selected Discourses in Meshekh Hokhmah and Or Sameah. Edited by Herbert Basser. Translated by Meshulam Gotlieb. Boston: Academic University Press, 2016.
Harris, J. Michael. “DCT/SMU and the Commandment to Wipe out Amalec.” In Divine Command Ethics: Jewish and Christian perspective, 134-150. London: Taylor & Francis Group, 2004. Taylor & Francis e-Library. https://www.routledge.com/Divine-Command-Ethics-Jewish-and-Christian-Perspectives/Harris/p/book/9781138869769
Rooze, Egbert. Amalek: over geweld in het Oude Testament. Kampen: Kok, 1997.
Sagi, Avi. “The Punishment of Amalek in Jewish Tradition: Coping with the Moral Problem.” The Harvard Theological Review 87, no. 3 (1994): 323-46. Accès 1er avril 2020. www.jstor.org/stable/1509808.

La Bible
Kahn, Zadock. Tanakh : La Bible du Rabbinat. Scotts Valley : CreateSpace Independent Publishing Platform, 2016.