SOCIALE EN ECOLOGISCHE VRAAGSTUKKEN

3.2 Polarisation et démonstrations pour le climat

Des personnes ont des opinions divergentes sur de nombreux sujets. Une différence d’opinion est inhérente à la communication et n’est pas problématique en soi. Même dans notre société, il existe des sujets sur lesquels des (groupes de) personnes ont des opinions différentes. Cela ne devient problématique que lorsque ces opinions et points de vue différents points de vue conduisent à la violence.

Lorsque des groupes ont des avis opposés et que les contrastes entre eux deviennent de plus en plus importants, on parle de polarisation. Les deux groupes opposés deviennent ainsi des « pôles opposés ». Dans ce cas, nous pouvons également parler d’une mentalité de type « nous contre eux ». Les groupes de personnes sont diamétralement opposés les uns aux autres. Bien entendu, la polarisation n’est pas toujours être négative. Des opinions différentes, voire contradictoires, remettent en question la réflexion et permettent à une société de rester vivante et dynamique. Cela devient problématique seulement quand des opinions radicales sont émises et que toute voix modérée dans le débat disparaît.

De nombreux scientifiques s’accordent à dire que le climat est en train de changer de manière significative. Ces changements, y compris le réchauffement climatique, pourraient conduire à un monde déséquilibré, avec de graves conséquences pour les humains et les animaux. Pendant ce temps, de plus en plus de scientifiques tirent la sonnette d’alarme. La société réclame également de plus en plus fort des changements pour mieux protéger le climat. Cependant, tout le monde n’est pas convaincu des conséquences négatives du changement climatique, ou n’est pas prêt à faire les changements souhaités. Ainsi, deux camps, deux pôles, émergent rapidement autour d’un thème. Les frustrations croissantes conduisent à une forte mentalité de « nous contre eux ». Les manifestations pour le climat peuvent être considérées comme l’expression de cette frustration.

Le thème de la polarisation peut donc être utilisé pour réfléchir au débat sur le climat et aux manifestations en faveur du climat. Quand les démonstrations vont-elles trop loin ? Les démonstrations conduisent-elles à une plus grande polarisation ? La contestation est-elle toujours le bon moyen d’arriver à des solutions ? Dans ce qui suit, tu seras invité à réfléchir à ces questions.

EXERCICE. Regarde le clip vidéo. L’histoire nous montre comment Ariella, frustrée par la décision de son école de couper une partie de la forêt, met en place un groupe de contestation. Réponds aux (sous-)questions suivantes.

1. Quelle est ton opinion sur cette histoire

1.1. Ariella avait-elle raison de manifester ?

1.2. La démonstration est-elle un bon moyen d’attirer l’attention sur un problème ? Participerais-tu à la manifestation ?

1.3. Quelles actions Ariella entreprend-elle, ou prévoit-elle d’entreprendre ?

1.4. Comment réagit l’entourage d’Ariella à ses actions ?

2. Ariella recherche les « catastrophes écologiques » sur son ordinateur pendant la nuit. Recherche le terme « catastrophe écologique ». Explique la signification avec tes propres mots. Quels exemples de catastrophes écologiques peut-on trouver dans l’histoire (sur l’écran d’ordinateur d’Ariella)?

3. Les actions d’Ariella peuvent être abordées du point de vue de la polarisation. Si nécessaire, regarde à nouveau le film pour répondre aux questions suivantes.

3.1. Ariella est-elle polarisante ? Participe-t-elle à une mentalité de « nous contre eux » ?

3.2. Comment cette polarisation se manifeste-t-elle ? Y a-t-il des actions concrètes (et prévues) qui pourraient indiquer une polarisation ?

3.3 Le directeur de l’école invite Ariella et Levi à une réunion. Cette conversation a-t-elle un effet dépolarisant ? Comment un dialogue peut-il se dépolariser ?

3.4. De quelle manière pouvons-nous encore dépolariser ?

3.5. Est-il possible d’agir sans polariser ? À quoi ressemblerait une manifestation non polarisante ?

3.3 Bal taschit

Alors qu’Ariella recherche des catastrophes écologiques sur Internet, nous voyons deux mots se refléter dans ses yeux : bal taschit. Les mots bal taschit font référence à une interdiction du livre du Deutéronome. On parle d’interdiction dans le cas d’une « mitzvah négative » : une mitzvah ou un commandement qui interdit un certain comportement.

Bal taschit signifie « ne pas détruire ». La racine biblique hébraïque sh.h.t. [détruire], schachat, est synonyme du mot kilkul, qui signifie gâcher ou corrompre. L’hébreu moderne traduit sh.h.t. par : gâcher, blesser, gaspiller; détruire; pécher; corrompre; assassiner.

Le mot « détruire » doit donc être compris dans un sens large, et est étroitement lié à la notion de « déchet » !
EXERCICE. Lis le passage suivant. Réponds ensuite aux questions.

3.3.1 Bal Taschit – Dt. 20 :19-20

[19] Si tu es arrêté longtemps au siège d’une ville que tu attaques pour t’en rendre maître, tu ne dois cependant pas en détruire les arbres en portant sur eux la cognée: ce sont eux qui te nourrissent, tu ne dois pas les abattre. Oui, l’arbre du champ c’est l’homme même, tu l’épargneras dans les travaux du siège.
[20] Seulement, l’arbre que tu sauras n’être pas un arbre fruitier, celui-là tu peux le sacrifier et l’abattre, pour l’employer à des travaux de siège contre la ville qui est en guerre avec toi, jusqu’à ce qu’elle succombe.

Dans ce passage, marque la phrase qui contient l’interdiction du bal taschit.

Note ce que tu ne comprends pas dans ce passage. Quelle phrase, quelle expression, quel terme n’est pas clair ?

De quoi parle le passage ? Essaye d’écrire l’essentiel de manière aussi concise que possible.

3.4 Comment l’interpréter ? Kal v’homer !

Le sens du Tanakh n’est pas toujours évident. Le Tanakh a vu le jour dans un monde très différent du nôtre. Cela le rend difficile à comprendre et à interpréter. Néanmoins, le Tanakh est riche en signification. Ce n’est pas pour rien que la Torah a soixante-dix visages selon un proverbe juif. Les rabbins ont développé différentes techniques d’interprétation pour déchiffrer toutes ces significations.

One of those interpretation keys is kal v’homer. That literally means: ‘from difficult to easy’. In the Tanakh we often find commandments in very specific situations. Kal v’homer shows us how we can deduce something from a less probable situation for a more probable situation. Or in other words: what does a specific case tell us about how to behave in general?

Une de ces techniques d’interprétation est kal v’homer . Littéralement, cela signifie : « de difficile à facile ». Dans le Tanakh, nous trouvons souvent des commandements et des interdits dans des situations très spécifiques. Kal v’homer nous montre comment nous pouvons apprendre quelque chose d’une situation moins probable pour l’appliquer à une situation plus probable. Ou, en d’autres termes, qu’est-ce qu’un cas spécifique nous apprend sur la façon de se comporter en général ?

Le bal taschit interdit, en temps de guerre, d’abattre des vergers (arbres fruitiers) pour ramasser du bois pour un siège militaire. Les rabbins ont commencé à appliquer l’interdit dans un sens plus large, le rendant applicable à toutes sortes de matériaux, d’objets et de ressources utiles aux humains, et même au corps humain. Cette transition, d’une situation exceptionnelle et spécifique à une situation générale, est le kal v’homer .

EXERCICE. Réponds aux questions.

Que signifie ‘bal taschit ’? Peux-tu le relier à d’autres mots ?

Explique le principe du kal v’homer avec tes propres mots.

Le bal taschit est-il un commandement positif ou négatif ?

Lis le passage suivant. Comment le Talmud de Babylone applique-t-il le principe du kal v’homer ?

Talmud de Babylone – Kiddushin 32a

Quiconque brise des récipients ou déchire des vêtements, détruit un bâtiment, bouche une fontaine ou détruit de la nourriture se rend coupable de violation de l’interdit du bal tashchit.

Applique le principe du kal v’homer à ta propre vie. Pense à la destruction et à la pollution dont nous sommes responsables. Quels changements pouvons-nous aisément apporter ?

3.5 Profit ou durabilité ?

Les passages du Tanakh peuvent être interprétés de nombreuses manières différentes. C’est également le cas pour le principe du bal taschit. Jusqu’à présent, nous avons vu comment le principe était appliqué par les rabbins, principalement sur la notion de « profit ». Le profit est un autre terme pour désigner l’utilité ou l’avantage. La question est : qu’est-ce qui donne le plus de bénéfices, le plus d’avantages ? C’est une sorte de calcul. Nous devons protéger ce qui donne le plus de bénéfices.

Tous les rabbins ne sont pas d’accord avec cette interprétation. Aujourd’hui, de plus en plus de penseurs juifs tentent de concilier le principe du bal taschit avec le concept de durabilité.

La durabilité est la capacité des systèmes biologiques à rester productifs, sains et diversifiés pendant de longues périodes. Cela signifie que nous utilisons les ressources pour satisfaire nos besoins, sans priver les générations futures de la possibilité de satisfaire leurs besoins.

EXERCICE. Lis le petit article ci-dessous du rabbin David Seidenberg. Ensuite, réponds aux questions.

“Ce qui a été négligé par l’interprétation rabbinique précédente du bal taschit, c’est que la règle donnée dans la Torah est à la fois littéralement et fondamentalement sur la durabilité - sur ce qui vous soutient [sustainability – about what sustains you].
[...]
Cependant, si nous intégrons l’esprit de la Torah, nous allons bien au-delà de ces mesures utilitaires. La Torah ne protège pas seulement les arbres lorsqu’elle dit: “L’arbre est-il parfois un homme, pour que tu te battes contre lui?” Elle leur attribue une sorte de subjectivité.
Plus que cela, la directive la plus profonde de la Torah est que nous devons respecter chaque vie. Cet esprit s’exprime de nombreuses façons - notamment non seulement dans le bal taschit, mais aussi en enterrant le sang/l’âme d’un animal sauvage abattu, en ne consommant jamais de sang, qui représente la force vitale, en ne combinant jamais le lait, source de vie, avec la viande. La vie - toute vie, est le but de la création.”
- Rabbin David Seidenberg, traduction et formes italiques personnelles

Souligne les termes, expressions, phrases qui ne sont pas clairs. Cherche toi-même le sens des mots peu clairs, ou pose une question à l’enseignant ou à l’accompagnateur.

Quelle est la critique du rabbin David Seidenberg concernant l’interprétation précédente du bal taschit ?

Le rabbin David Seidenberg affirme que le sens le plus profond de la Torah est « que nous devons respecter chaque vie ». Qu’entends-tu par « respecter la vie » ? De quelle manière essaies-tu d’être respectueux de la nature, de la vie ?

Glossaire

Consommation
La consommation est un autre mot qui désigne l’utilisation de biens et de services.

Écosystème
Un écosystème est un autre mot pour désigner une communauté vivante, dans laquelle un ensemble d’espèces ou d’organismes dans une zone donnée sont en relation les uns avec les autres. Un écosystème fait partie de l’environnement naturel général. Les forêts, les lacs, les rivières, etc. sont des exemples bien connus d’écosystèmes.

Subjectivité
La subjectivité est un terme abstrait. Un synonyme possible est « personnalité ». Le terme « subjectif » désigne donc une opinion, un point de vue ou un goût personnel. Le rabbin David Seidenberg, comme nous l’avons vu dans ce module, utilise ce terme pour indiquer que les arbres, comme les personnes, sont un élément de la Création.

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