TEXTES VIOLENTS
2.1 Scénario
Ce qui suit est la version texte du scénario que vous pouvez regarder sous forme de vidéo animée. Il aborde les émotions ou les sentiments de honte, de culpabilité, de fierté et du rôle qu’elles jouent dans nos vies. Les sentiments et les émotions ont souvent une incidence à la fois sur notre façon d’agir et sur notre perception du monde qui nous entoure.
Vous pouvez lire le scénario silencieusement ou regarder la vidéo animée. (Si l’enseignant est d’accord et que d’autres élèves sont prêts à le faire, vous pouvez également le lire à voix haute avec vos camarades de classe ou même décider de (re)jouer le scénario comme une pièce d’école ou de classe. Vous pouvez également modifier certains aspects de son développement ou écrire différentes fins de l’histoire).
Le scénario met en scène les élèves d’une école et évoque également deux histoires, l’une sur Œdipe et l’autre sur le célèbre guerrier Ajax. Après le script, vous pouvez retrouver les deux histoires brièvement expliquées.
2.2 L’histoire d’Œdipe
L’histoire d’Œdipe remonte à la Grèce antique et à sa mythologie. L’histoire
est décrite de manière dramatique dans plusieurs pièces de Sophocle, le
célèbre écrivain de pièces de tragédie (né env. 496 av. J.-C., à Colone, près
d’Athènes, Grèce ; décédé en 406 av. J.-C., Athènes). Sa pièce Œdipe-Roi
(Oedipus Rex) est peut-être la relation la plus connue de cette histoire.
Comme nous l’avons dit, il existe plusieurs versions de l’histoire. Selon l’une
d’elles, Laïus, roi de Thèbes (une ville située au centre de la Grèce, au nordouest d’Athènes), avait été averti par un oracle que son fils finirait par le tuer.
Ainsi, après que sa femme Jocaste (aussi appelée Iocaste ou Épicaste) eut
donné naissance à leur fils, Laïus ordonna que le petit garçon soit abandonné
dans les montagnes désertes à proximité de la ville et qu’on l’y laisse mourir.
Mais un berger découvrit le bébé, en eut pitié et le sauva. Œdipe survécut et
il fut adopté par le roi Polybe de Corinthe (une ville antique et un état situé au
sud du centre de la Grèce, connu dans les temps modernes pour le canal de
Corinthe, une voie de passage pour les navires entre la mer Méditerranée et
la mer Égée) et sa femme qui prirent soin de lui comme s’il était leur propre
fils. En grandissant, Œdipe visita Delphes (un endroit célèbre révélant des
prophéties) et apprit qu’il était destiné à tuer son père et à épouser sa mère.
Par crainte d’un tel destin, Œdipe ne retourna jamais à Corinthe, considérant
que c’était le meilleur moyen d’éviter ce destin terrible (pensant à tort que
Polybe était son père.1
Sur le chemin de Thèbes, il rencontra Laïus, son vrai
père, qui provoqua une querelle, et Œdipe le tua (sans savoir qu’il était son
père) durant leur lutte. En arrivant plus tard à Thèbes, il découvrit que la ville
était dans le besoin. Les habitants de Thèbes étaient terrorisés par le Sphinx
(ou la Sphinge, une créature avec une tête de femme, un corps de lion et des
ailes d’oiseau ; voir l’image ci-dessous) qui posait des énigmes aux gens, et
ceux qui ne pouvaient pas répondre étaient tués par elle.
Œdipe parvint à résoudre l’énigme, et comme récompense, il reçut le trône
de Thèbes et la main de la reine veuve, sa véritable mère, Jocaste. Son destin
se réalisait désormais, mais il ne le savait toujours pas. Après avoir appris la
vérité, Jocaste se donna la mort, et Œdipe se creva les yeux et s’exila.2
2.3 L’histoire d’Ajax
L’histoire d’Ajax est également issue de la mythologie grecque et est relatée par Sophocle dans une pièce intitulée Ajax. Selon la légende, Ajax (également appelé « Ajax le Grand ») était un héros, un guerrier grec courageux de grande stature qui avait combattu Hector (le chef guerrier de Troie, un royaume d’Anatolie occidentale qui avait combattu les Grecs lors des célèbres guerres de Troie) et il récupéra le corps d’un autre héros, Achille, qui avait été tué au combat. Il s’était disputé avec Ulysse concernant l’armure précédemment portée par Achille, mais Ajax avait perdu la lutte. Il croyait néanmoins qu’il avait mérité d’obtenir et de porter cette armure, et cela provoqua un autre conflit.3
Selon l’histoire telle que la décrit Sophocle, Ajax tenta d’assassiner Ulysse
et les juges (Agamemnon et Ménélas) qui évaluaient la lutte entre Ulysse et
lui. Il s’était préparé pour cette attaque planifiée mais fut induit en erreur par
la déesse Athéna. En raison de cet « aveuglement » provoqué par Athéna,
Ajax tua par erreur les animaux que son armée avait saisis comme butin
de guerre ainsi que leurs gardiens. Après avoir réalisé ce qu’il avait fait,
Ajax ressentit une grande honte. Il se sentit humilié et il craignit que les
autres ne se moquent de lui pour avoir commis une erreur aussi stupide
(même si l’erreur elle-même n’était pas de sa faute mais était due aux
manœuvres d’Athéna). Après s’être torturé l’esprit devant cette situation, il
décida de mettre fin à ses jours. Comme punition, Agamemnon et Ménélas
ordonnèrent que le cadavre d’Ajax ne soit pas enterré. Mais le sage Ulysse
persuada les commandants de s’adoucir et d’accorder à Ajax une sépulture
honorable. En fin de compte, Ulysse est la seule personne qui semble avoir
été vraiment consciente de la versatilité des êtres humains.4
Encore une fois, cette histoire révèle que nous réagissons aux actions que
nous avons commises et qu’il est important pour nous de savoir comment les
autres nous perçoivent. En relation avec la honte, nous parlons d’humiliation
et de stigmatisation.
L’humiliation se produit lorsque nous exposons publiquement quelqu’un pour ses défauts, ses mauvaises actions ou ses caractéristiques, que nous attirons l’attention sur lui et l’invitons à ressentir de la honte pour ces défauts. Attention, nous pouvons aussi avoir tort de voir quelque chose comme un défaut.
La stigmatisation peut être comprise comme le fait d’attribuer une marque visible à quelqu’un pour quelque chose qu’il ou elle est ou a fait, en excluant la personne par rapport aux autres.
Dans le scénario de la vidéo d’animation, Pieter-Jan risque d’être exclu par ses camarades de classe puisqu’il est obligé de porter des étiquettes spécifiques. Les gens réagissent aussi souvent de manière violente face à la honte et à la stigmatisation par des actions qui peuvent en outre être alimentées par leur sentiment d’impuissance.
2.4 Devoirs en rapport avec les histoires
2.5 Questionnaires et devoirs associés
Les devoirs qui suivent sont facultatifs et peuvent être accomplis si vous
souhaitez en savoir plus sur ces sujets. .
Il y a trois questionnaires comportant un total de six questions liées à la
vidéo animée et aussi à ce qui a été dit ci-dessus. L’exercice ici consiste à
répondre à ces questions et à expliquer brièvement votre réponse. Veuillez
écrire vos pensées sous chaque question.
2.6 Devoirs supplémentaires
Bob Dylan : Hurricane
Lisez et/ou écoutez la chanson Hurricane du célèbre chanteur folk Bob
Dylan. L’aviez-vous déjà entendue ? Connaissez-vous l’histoire qu’elle
raconte sur un boxeur nommé Rubin Carter ?
Voici une brève version de l’histoire. Rubin Carter, boxeur surnommé « Hurricane » en raison de ses mouvements rapides de boxe, a été faussement accusé d’un triple meurtre qui s’est produit le 17 juin 1966 dans une ville appelée Paterson dans le New Jersey (États-Unis). Deux hommes sont entrés dans un bar, ont commencé à tirer et trois personnes sont mortes. Dix minutes après cette fusillade, la police a arrêté la voiture dans laquelle Rubin voyageait avec deux de ses amis. Les témoins de la scène ont déclaré avoir vu deux hommes noirs entrer dans le bar et ont décrit une voiture similaire à celle dans laquelle Carter a été arrêté. Toutefois, aucun de ces témoignages n’était particulièrement fiable. Il n’y avait aucune preuve que Rubin était coupable du meurtre, et il s’est avéré que certains éléments de preuve avaient été créés de toute pièce et que les témoins avaient été forcés ou incités à accuser Carter à tort. Plus tard dans la nuit, la voiture de Carter fut de nouveau arrêtée par la police, ce qui s’est terminé par son arrestation. Le chef d’inculpation de Carter mentionnait un triple meurtre. Il n’existait aucune preuve que Rubin était coupable de meurtre. Il s’est également avéré que certains éléments de preuve avaient été créés de toute pièce et que les témoins avaient été forcés ou incités à incriminer et accuser Carter à tort. Après plusieurs procès, le tribunal et le jury ont reconnu Rubin coupable et l’ont condamné à la prison à vie. Ce n’est qu’en 1985, après de nombreux appels, que Rubin Carter a été libéré de prison et que l’acte d’accusation initial a été rejeté. Après sa libération, Rubin Carter a été, entre autres, directeur de l’Association pour la défense des personnes condamnées à tort et conférencier motivateur. Son histoire a été racontée de nombreuses fois dans des livres et des films. Elle montre avec quelle rapidité quelqu’un peut être jugé pour la couleur de sa peau et comment certains groupes sont fortement stigmatisés.5
Images et expressions de honte
Il existe de nombreuses représentations et autres expressions artistiques des émotions de honte et de culpabilité. L’une des plus célèbres est la statue de Caïn d’Henri Vidal (1864 - 1918), le sculpteur français. La statue représente Caïn venant de tuer son frère en raison de leur rivalité, comme décrit dans la Bible et dans le Coran. La statue est exposée à Paris. Une autre représentation utilisée ici est celle d’Alison Skagss, une image intitulée « Shame » (Honte) (2009).
Prenez quelques instants pour examiner la statue de Caïn et le tableau « Shame » et faites les exercices ci-dessous.
Quelles sont les émotions exprimées par la statue de Caïn ?
Comment ces émotions s’expriment-elles dans la posture du corps ?
Essayez de souligner autant de détails que possible.
Observez le tableau « Shame », comment le décririez-vous à
quelqu’un qui ne peut pas le voir ? Faites cette description par écrit.
Le dernier devoir de cette section consiste à prendre un morceau
de papier vierge ou à utiliser l’espace vide ci-dessous et à dessiner
l’émotion de honte. Vous êtes libre de la représenter comme vous le
souhaitez.
GLOSSARY
In this glossary, you will find more information and an explanation of certain terms.
Attitudes réactives : attitudes que nous adoptons dans nos relations avec les autres et qui sont la réponse aux actions des autres (par exemple, ressentiment, gratitude, pardon, colère, dépit, amour, indignation, mépris)
Couvrir de honte : inciter les gens à ressentir de la honte tout en exposant publiquement leurs défauts, leurs mauvaises actions, leurs caractéristiques, etc.
Culpabilité : désigne un sentiment douloureux que nous éprouvons lorsque nous réalisons que nous avons fait quelque chose de mal, par exemple, blesser quelqu’un.
La honte : désigne notre sentiment d’exposition excessive, de ne pas être caché, d’être impuissant par rapport aux autres. La honte morale est un sentiment de faiblesse et d’impuissance que nous ressentons au sujet de nos méfaits moraux ou du fait de ne pas être à la hauteur des idéaux que nous nous sommes fixés
Humanité commune : désigne un idéal éthique selon lequel nous sommes tous égaux dans notre statut moral en tant qu’êtres humains et qui exige un traitement égal de toutes les autres personnes, sans tenir compte de leur race, couleur, statut social, religion, sexe, âge, appartenance ethnique, sexualité, langue, etc.
Humiliation : fait de signaler les erreurs de quelqu’un devant tout le monde, d’abaisser son statut et de causer de l’embarras.
Préjugés : croyances et attitudes préconçues et non fondées sur des individus, des groupes, des activités ou des idées. Ils comprennent souvent l’évaluation ou la classification d’une autre personne en fonction, par ex., du sexe, des valeurs, de la classe sociale, de la religion, de la race, etc.
Stigmatisation : fait de signaler une caractéristique, un trait ou un méfait d’une personne ou d’un groupe dans l’intention de les exclure. Elle est souvent liée aux attitudes négatives, aux préjugés et à l’ignorance.
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